•  

     

    Aurai-je assez de force

    Ou assez de courage

    Pour éteindre l’amorce

    La noyer dans l'orage.

     

    La vie me dure, amère

    Et sape ma volonté

    Au mirage éphémère

    D’avenir maquillé.

    Les matins d’allégresse,

    Quand l’euphorie balaye

    Au pinceau des caresses

    Le voile sur le soleil,

    Dessinaient sur des stances

    Les frêles passerelles

    Des espoirs en balance

    Au mépris du réel :

    Nier la fragilité

    S’enivrer d’illusions

    Laisser la lucidité

    Aux berges de raison…

     

     

    Aurai-je assez de force

    Ou assez de courage

    Pour éteindre l’amorce

    Eviter le naufrage…

     


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  •  

    Sur l’autel dénudé de ma vie en quémande
    Humblement résignée, je propose une offrande
    Mon cœur est barbelé des larmes du réel
    Griffures effilées qui aveuglent mon ciel

    Si au mur de douleur s’offre une déchirure
    Que mon front s’y appuie malgré la meurtrissure
    Que je respire un air épuré des souffrances
    Et m’autorise un pas en brèche d’espérance

    Juste un instant béni, rêver la liberté
    La trêve des tourments au jardin déserté
    Si de l'autre côté, une autre main se tend
    Accepter le voyage, le coup de pied au temps

    Dans l’eau claire jaillie qui éclabousse tout
    Ancrer la lumière qui magnifie les fous
    Accrocher les couleurs dans le froid et les ombres
    Ne vouloir que douceur et répudier le sombre

    Repriser les accrocs de mes nuits déchirées
    Aux fils d’insouciance d’une enfance égarée.


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  •  

    J'ai des désirs d'orage et de désolation

    De surdité aveugle en lumière et en son

    Imposés

    De noyade et de respiration

    Je veux le bruit solide et violent

    D'un tonnerre sans doute

    Des brulures de rétine

    Aux éclairs blancs

    Je mourrais sans voir le beau temps

    Comme j'aurais donc du coura-a-ge

    Je mourrais sans voir le beau temps

    Moi derrière, moi derriè-è-re

    Moi de hier et moi de vent

     


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  • Ce lieu jadis bruyant de rires et de mots
    S'est tu pour un instant, silence des tombeaux...
    Des sourires farouches, ne restaient que les ombres
    Ce champ ne brillait plus, l'herbe devenait sombre...

    Passons notre chemin, revenons là plus tard
    Lorsque s'effaceront les blessures du hasard
    Qui noyèrent trop tôt ces si joyeux duels
    En tourbillon futile en des fossés cruels.

    A la lisière du pré, bien cachés dans le noir
    Laissons à l'avenir une manière d'espoir...
    Fermons les yeux un peu, et laissons nous rêver
    Que revienne le bruit des combats familiers...

    Nous trouverons peut-être, sous un arbre au matin
    Quelques mots déposés au creux de la rosée.
    Des bribes d'amitié pour que s'éloigne enfin
    La nostalgique errance du silence imposé...


    ...


    D'une lame d'herbe entre mes pouces
    Un aigu sifflement jaillit
    Déchire de nostalgie douce
    Le rideau triste de l'ennui.

    Clair sifflement lointain répond
    En boomerang d'espérance
    Tranchant l'espace qui se fond
    Au tableau peint des joies d'enfance.

    Toile légère en liberté
    Prairie piquée de marguerites
    Blanc dans le vert tendre des prés
    Et l'or des boutons qui palpitent.

    Ventres collés à l'herbe tiède
    Deux enfants doux semblent écouter
    Du grillon roux au chant d'aède
    L'épopée d'un printemps conté.

    Ivres d'odeurs, couleurs sucrées
    Ils mangent la tige des fleurs
    Ignorant fleurs parmi les fleurs
    Qu'un jour, ils se feront manger.

    L'heure est trop belle pour y songer
    Le tableau sert d'éternité
    Cette enfance là est rêvée
    Par des enfants réinventés.

    Pour marquer l'empreinte du temps
    La fillette au garçonnet tend
    Marguerite qu'un coup de dent
    Prive de ses pétales blancs.

    Trois pétales restent quand même
    Esprits mêlés, regards croisés
    Par delà les années volées
    Dis-moi un peu, comment tu m’aimes…


    ...


    Et moi je suis petit
    Tout petit
    Et je cours dans le pré
    Derrière le moulin
    Dans l'herbe humide arrosée.
    De minuscules fleurs...
    Un bruit d'eau cristalin...
    Le gros mûrier cerclé de fer...
    Sur la ronde table de pierre
    Le goûter nous attend...
    Il est bien là ce temps
    Imprimé dans le coeur


    ...


    Et je t'apprends à siffler dans une herbe!
    Heuuuuu! i'sait même pas, lui !!!!!!!!!!!!
    Viens, on va se rouler dans les gerbes,
    Vas-y, essaie, je te tiens ta tartine
    Et je te la mange, même, coquine
    Pendant que tu gonfles tes joues!
    Que t'es furieux, que t'es jaloux...
    J'savais bien que tu y arriverais pas!
    Je suis qu'une fille mais je sais ça
    Elle est bonne ta tartine! Hein?
    T'as faim? Mange ta main
    Non, faut pas que tu réfléchisses...
    On va aux écrevisses?


    ...



    On va s'baigner dans la rivière
    Et s'asperger de frissons d'eau
    Et plonger du haut de la pierre
    En se prenant pour des héros!
    On pêchera des poissons
    En mettant les mains dans les souches
    En tremblant de l'appréhension
    D'imaginer d'horribles bouches
    Tapies depuis la nuit des temps
    Qui attendent pour les happer
    Dans leurs tanières immergées
    Les mains curieuses des enfants...


    ...


    J'ai peur, mais je le dirai pas
    Je ramenerai mon trophée
    Un poisson qui frétillera
    On verra pas mon corps trembler
    Puis ruisselant de gouttes fraiches
    On s'affalera en riant
    En rendant à l'eau notre pêche
    Sur une berge de sable blanc

    On parlera de la cabane
    Oubliée aux creux des collines
    De son mystère en filigranne
    Celui d'une écriture fine
    Symbole étrange mais poignant
    D'un amour tracé au charbon
    Un défi au delà du temps
    Dans l'entrelacs de deux prénoms...


    ...


    Et puis, on court encore
    Dans les prés odorants
    Giflés de boutons d’or.
    Imiter la rainette
    Dans ses bonds maladroits
    Et dans mon poing serré,
    Pas trop...
    Que j’approche de tes yeux,
    Pas trop...
    Saut’relle qui attendait
    Bondit dans tes cheveux !
    Tu cries?
    T’es bien une fille !
    Allez, fais pas ta lippe...
    Je te donne une bille
    Et un grain de réglisse.
    Faut bien que je me venge
    De ce trouble
    Agaçant et étrange
    Que je ne comprends pas...
    J’suis un gars, moi !!!
    Alors j’sais pas pourquoi
    J’aime moins mes copains
    Quand tu frôles ma main !
    J’en ai marre… !
    Hé, une coccinelle !
    Elle a quel âge ?
    Tes boucles contre ma joue…
    Dix ans comme nous…
    On la suit ?
    C’est parti !
    Tu y crois dis ?
    Au chemin du paradis ?


    ...


    Sûr que j’y crois
    A la bête à Bon Dieu!
    Mais je te le dis pas
    L’espoir, c’est trop sérieux
    Faut y croire pour de faux
    Juste un instant fragile
    Qui pointe en goutte d’eau
    A l’ombre de nos cils.
    Les garçons que c’est sot !
    Ca pose des questions
    Et ça dit des gros mots
    Ca rigole sans raison
    En s’tapant dans le dos !
    La rainette a plongé,
    Dans un floc dans la mare !
    T’es pas cap de m’ram’ner
    Une fleur de nénuphar…
    Je t’attends sous le saule
    Et je tresse dans ses feuilles
    Une couronne dont le rôle,
    Sur une mare en deuil,
    Sera pour ta mémoire
    Si le monstre t’entraine
    Sous les verts nénuphars
    Et à jamais t’enchaine
    Dans un monde tout noir…
    T’as la pétoche ?
    Je savais bien…
    T’as les poings dans tes poches
    Je t’enrage, c’est bien…
    Les gars faut qu’ça apprenne
    Qu’une sauterelle dans les cheveux
    Les filles ça les déchaine
    Allez, sois-pas furieux…
    Y a pas de monstre dans la mare
    Regarde ! Des têtards !!!
    Et là, pour picorer ma main
    Des frissons d'alevins...


    Epilogue :




    - Si je meurs sans le faire exprès, tu m'en voudras pas?

    - T'es bête!

    - Non, faut que tu répondes, il peut arriver des choses sans qu'on le veuille :
      qu'on se perde au coeur d'une forêt, qu'on tombe d'un arbre, qu'on se noie à la rivière...
      Sans faire exprès.

    - Si tu meurs, je meurs, ça va?

    - Non! Tu ne mourras pas. Tu seras très triste et tu vas pleurer. Il n'y aura pas de garçon plus triste au monde.  
       Longtemps.  Tu iras courir la campagne en m'appelant en silence. On te donnera beaucoup d'amour pour que tu ne  sois plus malheureux. Et tu n'en voudras pas, au début. Tu regarderas les autres  mais jamais, tu ne trouveras  personne comme moi. Tu chercheras mes boucles. Tu chercheras mes yeux. Tu chercheras ma voix. Tu leur souriras   mais  tu ne les aimeras pas. Mais tu seras gentil quand même. Pour qu'ils n'aient pas de peine...

    - Tu ne vas pas mourir. Même pas sans le faire exprès. Je vais te tenir la main très fort. Je t'en empêcherai. Je te  protègerai.

    - Mais si tu t'endors? Parce que tu es fatigué, trop fatigué?
      Mais si je meurs en dormant? Parce que je ne pourrais pas sortir de mon rêve, ou que je voudrais y rester parce que je crois que c'est la réalité, tu ne pourras rien faire? Et je ne le saurais pas, je serai trop loin, tu ne me verrais plus, tu ne m'entendrais plus. Je ne l'aurais pas fait exprès. Il ne faudra pas m'en vouloir.

    - Dis? Tu veux me faire pleurer? C'est notre dernier jour de vacances. Notre dernier jour dans le pré...
       Tu veux me faire pleurer? Parce que je suis un garçon et que tu veux être la plus forte? Tu veux me faire pleurer?
        Dis? Tu pars demain. Et tu veux mourir sans faire exprès, en plus?

    - Oh non! Ne pleure pas. Sinon je pleure aussi. Et moi, je pleure jamais! Ne pleure pas. On est grands, maintenant.
      C'est juste qu'il faut que je sois sûre que tu ne m'en voudras pas si je meurs sans faire exprès. Ce ne sera pas de ta faute. Tu ne m'auras pas abandonnée. Peut-être que ça me fera même pas mal.   
       En dormant, ça peut pas faire mal. Et peut-être que je rêverais de nous, des alevins et de l'aubépine,et de nos prénoms  au charbon... Tu vois? Ce serait pas de ma faute si je reste là-bas... Je croirais que c'est vrai, pour toujours...

    - Mais?... Je n'y serai pas! En vrai? Je n'y serais pas? Tu serais seule? Et moi aussi? Si tu meurs, sans faire exprès dans ce là-bas, en rêve?

    - Oui. Mais ça ferait pas mal..
      Alors? Tu me réponds? Et, après... on va voler des abricots dans la maison abandonnée là-bas, derrière le grand mur!
      Tu m'en ramèneras plein! On verra si t'es cap!

    - Je t'en voudrais!!! Je t'en voudrais à mourir!!! 

    - Oh? Pourquoi?

    - Si je disais le contraire, tu serais capable de mourir exprès... pour que je sois triste et que je n'aime plus jamais  personne. Pour que j'aie toujours l'impression d'avoir perdu un bout de moi, par ma faute, quand je verrai le pré, que je te cherche partout, toujours, tout le temps...

    - Alors tant pis! On peut jamais rien te demander...
      D'accord! Je ferai attention de ne pas mourir.

    - C'est sûr? Tu reviendras pour d'autres vacances? Dis?

    - Viens! Allez! On va piquer les abricots et cracher les noyaux dans le puits... Il nous répondra le puits... Et tu auras peur... Et tu trembleras...

    - Non, c'est les filles qui tremblent de peur et qui disent : j'ai froid! Même quand il fait chaud! Mais je serai là et je te  donnerai ma veste... Je serai là, toujours...


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  • Qu'on me laisse le temps de peindre ma colère
    Sur l'odieux dessin d'un odieux repaire
    Où l'on mange le pain sans le miel qu'on espère
    Pliant sous la contrainte et le joug qui enserre.

    Qu'on me laisse le temps de prendre la mesure
    De la résignation, abominable injure
    Qui dilue les espoirs au fil de sa morsure
    En lacérant l'envie qui osait un murmure.

    Qu'on me laisse le temps de la désespérance
    De boire l'injustice jusqu'à la délivrance
    Admettre, inexorable, la cruelle évidence
    De la vanité crue clouant l'ultime chance.

    Qu'on me laisse le temps de juste respirer
    En vacance de mots, en silence à hurler
    Dans le vertige noir d'un oubli sublimé
    Inhumant la mémoire du miracle avorté.

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