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Par Fuguerrante le 24 Juillet 2010 à 11:31
Aurai-je assez de force
Ou assez de courage
Pour éteindre l’amorce
La noyer dans l'orage.
La vie me dure, amère
Et sape ma volonté
Au mirage éphémère
D’avenir maquillé.
Les matins d’allégresse,
Quand l’euphorie balaye
Au pinceau des caresses
Le voile sur le soleil,
Dessinaient sur des stances
Les frêles passerelles
Des espoirs en balance
Au mépris du réel :
Nier la fragilité
S’enivrer d’illusions
Laisser la lucidité
Aux berges de raison…
Aurai-je assez de force
Ou assez de courage
Pour éteindre l’amorce
Eviter le naufrage…
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Par Fuguerrante le 19 Juillet 2010 à 21:19
Sur l’autel dénudé de ma vie en quémande
Humblement résignée, je propose une offrande
Mon cœur est barbelé des larmes du réel
Griffures effilées qui aveuglent mon ciel
Si au mur de douleur s’offre une déchirure
Que mon front s’y appuie malgré la meurtrissure
Que je respire un air épuré des souffrances
Et m’autorise un pas en brèche d’espérance
Juste un instant béni, rêver la liberté
La trêve des tourments au jardin déserté
Si de l'autre côté, une autre main se tend
Accepter le voyage, le coup de pied au temps
Dans l’eau claire jaillie qui éclabousse tout
Ancrer la lumière qui magnifie les fous
Accrocher les couleurs dans le froid et les ombres
Ne vouloir que douceur et répudier le sombre
Repriser les accrocs de mes nuits déchirées
Aux fils d’insouciance d’une enfance égarée.
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Par Fuguerrante le 4 Juillet 2010 à 19:42
J'ai des désirs d'orage et de désolation
De surdité aveugle en lumière et en son
Imposés
De noyade et de respiration
Je veux le bruit solide et violent
D'un tonnerre sans doute
Des brulures de rétine
Aux éclairs blancs
Je mourrais sans voir le beau temps
Comme j'aurais donc du coura-a-ge
Je mourrais sans voir le beau temps
Moi derrière, moi derriè-è-re
Moi de hier et moi de vent
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Par Fuguerrante le 27 Mai 2010 à 08:00
Ce lieu jadis bruyant de rires et de mots
S'est tu pour un instant, silence des tombeaux...
Des sourires farouches, ne restaient que les ombres
Ce champ ne brillait plus, l'herbe devenait sombre...
Passons notre chemin, revenons là plus tard
Lorsque s'effaceront les blessures du hasard
Qui noyèrent trop tôt ces si joyeux duels
En tourbillon futile en des fossés cruels.
A la lisière du pré, bien cachés dans le noir
Laissons à l'avenir une manière d'espoir...
Fermons les yeux un peu, et laissons nous rêver
Que revienne le bruit des combats familiers...
Nous trouverons peut-être, sous un arbre au matin
Quelques mots déposés au creux de la rosée.
Des bribes d'amitié pour que s'éloigne enfin
La nostalgique errance du silence imposé...
...
D'une lame d'herbe entre mes pouces
Un aigu sifflement jaillit
Déchire de nostalgie douce
Le rideau triste de l'ennui.
Clair sifflement lointain répond
En boomerang d'espérance
Tranchant l'espace qui se fond
Au tableau peint des joies d'enfance.
Toile légère en liberté
Prairie piquée de marguerites
Blanc dans le vert tendre des prés
Et l'or des boutons qui palpitent.
Ventres collés à l'herbe tiède
Deux enfants doux semblent écouter
Du grillon roux au chant d'aède
L'épopée d'un printemps conté.
Ivres d'odeurs, couleurs sucrées
Ils mangent la tige des fleurs
Ignorant fleurs parmi les fleurs
Qu'un jour, ils se feront manger.
L'heure est trop belle pour y songer
Le tableau sert d'éternité
Cette enfance là est rêvée
Par des enfants réinventés.
Pour marquer l'empreinte du temps
La fillette au garçonnet tend
Marguerite qu'un coup de dent
Prive de ses pétales blancs.
Trois pétales restent quand même
Esprits mêlés, regards croisés
Par delà les années volées
Dis-moi un peu, comment tu m’aimes…
...
Et moi je suis petit
Tout petit
Et je cours dans le pré
Derrière le moulin
Dans l'herbe humide arrosée.
De minuscules fleurs...
Un bruit d'eau cristalin...
Le gros mûrier cerclé de fer...
Sur la ronde table de pierre
Le goûter nous attend...
Il est bien là ce temps
Imprimé dans le coeur
...
Et je t'apprends à siffler dans une herbe!
Heuuuuu! i'sait même pas, lui !!!!!!!!!!!!
Viens, on va se rouler dans les gerbes,
Vas-y, essaie, je te tiens ta tartine
Et je te la mange, même, coquine
Pendant que tu gonfles tes joues!
Que t'es furieux, que t'es jaloux...
J'savais bien que tu y arriverais pas!
Je suis qu'une fille mais je sais ça
Elle est bonne ta tartine! Hein?
T'as faim? Mange ta main
Non, faut pas que tu réfléchisses...
On va aux écrevisses?
...
On va s'baigner dans la rivière
Et s'asperger de frissons d'eau
Et plonger du haut de la pierre
En se prenant pour des héros!
On pêchera des poissons
En mettant les mains dans les souches
En tremblant de l'appréhension
D'imaginer d'horribles bouches
Tapies depuis la nuit des temps
Qui attendent pour les happer
Dans leurs tanières immergées
Les mains curieuses des enfants...
...
J'ai peur, mais je le dirai pas
Je ramenerai mon trophée
Un poisson qui frétillera
On verra pas mon corps trembler
Puis ruisselant de gouttes fraiches
On s'affalera en riant
En rendant à l'eau notre pêche
Sur une berge de sable blanc
On parlera de la cabane
Oubliée aux creux des collines
De son mystère en filigranne
Celui d'une écriture fine
Symbole étrange mais poignant
D'un amour tracé au charbon
Un défi au delà du temps
Dans l'entrelacs de deux prénoms...
...
Et puis, on court encore
Dans les prés odorants
Giflés de boutons d’or.
Imiter la rainette
Dans ses bonds maladroits
Et dans mon poing serré,
Pas trop...
Que j’approche de tes yeux,
Pas trop...
Saut’relle qui attendait
Bondit dans tes cheveux !
Tu cries?
T’es bien une fille !
Allez, fais pas ta lippe...
Je te donne une bille
Et un grain de réglisse.
Faut bien que je me venge
De ce trouble
Agaçant et étrange
Que je ne comprends pas...
J’suis un gars, moi !!!
Alors j’sais pas pourquoi
J’aime moins mes copains
Quand tu frôles ma main !
J’en ai marre… !
Hé, une coccinelle !
Elle a quel âge ?
Tes boucles contre ma joue…
Dix ans comme nous…
On la suit ?
C’est parti !
Tu y crois dis ?
Au chemin du paradis ?
...
Sûr que j’y crois
A la bête à Bon Dieu!
Mais je te le dis pas
L’espoir, c’est trop sérieux
Faut y croire pour de faux
Juste un instant fragile
Qui pointe en goutte d’eau
A l’ombre de nos cils.
Les garçons que c’est sot !
Ca pose des questions
Et ça dit des gros mots
Ca rigole sans raison
En s’tapant dans le dos !
La rainette a plongé,
Dans un floc dans la mare !
T’es pas cap de m’ram’ner
Une fleur de nénuphar…
Je t’attends sous le saule
Et je tresse dans ses feuilles
Une couronne dont le rôle,
Sur une mare en deuil,
Sera pour ta mémoire
Si le monstre t’entraine
Sous les verts nénuphars
Et à jamais t’enchaine
Dans un monde tout noir…
T’as la pétoche ?
Je savais bien…
T’as les poings dans tes poches
Je t’enrage, c’est bien…
Les gars faut qu’ça apprenne
Qu’une sauterelle dans les cheveux
Les filles ça les déchaine
Allez, sois-pas furieux…
Y a pas de monstre dans la mare
Regarde ! Des têtards !!!
Et là, pour picorer ma main
Des frissons d'alevins...
Epilogue :
- Si je meurs sans le faire exprès, tu m'en voudras pas?
- T'es bête!
- Non, faut que tu répondes, il peut arriver des choses sans qu'on le veuille :
qu'on se perde au coeur d'une forêt, qu'on tombe d'un arbre, qu'on se noie à la rivière...
Sans faire exprès.
- Si tu meurs, je meurs, ça va?
- Non! Tu ne mourras pas. Tu seras très triste et tu vas pleurer. Il n'y aura pas de garçon plus triste au monde.
Longtemps. Tu iras courir la campagne en m'appelant en silence. On te donnera beaucoup d'amour pour que tu ne sois plus malheureux. Et tu n'en voudras pas, au début. Tu regarderas les autres mais jamais, tu ne trouveras personne comme moi. Tu chercheras mes boucles. Tu chercheras mes yeux. Tu chercheras ma voix. Tu leur souriras mais tu ne les aimeras pas. Mais tu seras gentil quand même. Pour qu'ils n'aient pas de peine...
- Tu ne vas pas mourir. Même pas sans le faire exprès. Je vais te tenir la main très fort. Je t'en empêcherai. Je te protègerai.
- Mais si tu t'endors? Parce que tu es fatigué, trop fatigué?
Mais si je meurs en dormant? Parce que je ne pourrais pas sortir de mon rêve, ou que je voudrais y rester parce que je crois que c'est la réalité, tu ne pourras rien faire? Et je ne le saurais pas, je serai trop loin, tu ne me verrais plus, tu ne m'entendrais plus. Je ne l'aurais pas fait exprès. Il ne faudra pas m'en vouloir.
- Dis? Tu veux me faire pleurer? C'est notre dernier jour de vacances. Notre dernier jour dans le pré...
Tu veux me faire pleurer? Parce que je suis un garçon et que tu veux être la plus forte? Tu veux me faire pleurer?
Dis? Tu pars demain. Et tu veux mourir sans faire exprès, en plus?
- Oh non! Ne pleure pas. Sinon je pleure aussi. Et moi, je pleure jamais! Ne pleure pas. On est grands, maintenant.
C'est juste qu'il faut que je sois sûre que tu ne m'en voudras pas si je meurs sans faire exprès. Ce ne sera pas de ta faute. Tu ne m'auras pas abandonnée. Peut-être que ça me fera même pas mal.
En dormant, ça peut pas faire mal. Et peut-être que je rêverais de nous, des alevins et de l'aubépine,et de nos prénoms au charbon... Tu vois? Ce serait pas de ma faute si je reste là-bas... Je croirais que c'est vrai, pour toujours...
- Mais?... Je n'y serai pas! En vrai? Je n'y serais pas? Tu serais seule? Et moi aussi? Si tu meurs, sans faire exprès dans ce là-bas, en rêve?
- Oui. Mais ça ferait pas mal..
Alors? Tu me réponds? Et, après... on va voler des abricots dans la maison abandonnée là-bas, derrière le grand mur!
Tu m'en ramèneras plein! On verra si t'es cap!
- Je t'en voudrais!!! Je t'en voudrais à mourir!!!
- Oh? Pourquoi?
- Si je disais le contraire, tu serais capable de mourir exprès... pour que je sois triste et que je n'aime plus jamais personne. Pour que j'aie toujours l'impression d'avoir perdu un bout de moi, par ma faute, quand je verrai le pré, que je te cherche partout, toujours, tout le temps...
- Alors tant pis! On peut jamais rien te demander...
D'accord! Je ferai attention de ne pas mourir.
- C'est sûr? Tu reviendras pour d'autres vacances? Dis?
- Viens! Allez! On va piquer les abricots et cracher les noyaux dans le puits... Il nous répondra le puits... Et tu auras peur... Et tu trembleras...
- Non, c'est les filles qui tremblent de peur et qui disent : j'ai froid! Même quand il fait chaud! Mais je serai là et je te donnerai ma veste... Je serai là, toujours...
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Par Fuguerrante le 14 Mai 2010 à 10:01Qu'on me laisse le temps de peindre ma colère
Sur l'odieux dessin d'un odieux repaire
Où l'on mange le pain sans le miel qu'on espère
Pliant sous la contrainte et le joug qui enserre.
Qu'on me laisse le temps de prendre la mesure
De la résignation, abominable injure
Qui dilue les espoirs au fil de sa morsure
En lacérant l'envie qui osait un murmure.
Qu'on me laisse le temps de la désespérance
De boire l'injustice jusqu'à la délivrance
Admettre, inexorable, la cruelle évidence
De la vanité crue clouant l'ultime chance.
Qu'on me laisse le temps de juste respirer
En vacance de mots, en silence à hurler
Dans le vertige noir d'un oubli sublimé
Inhumant la mémoire du miracle avorté.
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