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    L'herbe s'offre au détour de la nuit

    Le droit de pleurer ses matins

    En rosée discrète et polie

    Qui ourle le vert de ses brins

    Larmes pour l'été qui s'enfuit

    Sans un égard pour son chagrin


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  •  

    JANVIER

     

    Une poignée de flocons
    Eparpille
    Son blanc
    Sur mes joues diapason
    Et pétille
    En fondant.
    Ils se rendent, conquis
    N'espérant de la mort
    Que l'espoir de vie
    Qui rafraîchit mon corps.

     

     

    FEVRIER

     

    Une poignée de cendres

    Sous la braise

    Caresse

    D'une tiédeur tendre

    Le ventre obèse

    D'une pomme

    Et laisse

    Son arôme, comme

    Une parenthèse,

    Narguer de blasphème

    L'ascèse

    De l'ami-Carême

     

     

    MARS

     

    Une petite alouette

    Grisolle

    Là-haut,

    Très haut,

    Au dessus

    De ma tête,

    Libre et Folle

    Plane et pique

    En chantant.

    En musique

    Elle tonitrue

    Le printemps.

     

     

    AVRIL

     

    Une poignée de pétales

    Blancs

    S'évadent

    Ravis

    Dans la spirale

    D'un zéphyr fripon

    Rêvant

    D'escalade

    Sur le Mont

    Fuji.


    Sans regret

    Pour la cerisaie.

     

     

    MAI

     

    Une poignée de clochettes

    Tintinnabule

    Avec entrain

    Et collecte

    Les points

    Minuscules

    D'une ribambelle

    De coccinelles

    Effrontées

    Pas gênées

    De squatter

    Le muguet !

     

     

    JUIN

     

    Une poignée d'embruns
    Qui s'accrochent à tes cils
    Dessinent leur chemin
    En sillons si subtils
    Qu'un baiser sur ta joue
    Dans la fraîcheur salée
    D'un seul coup prend le goût
    D'un voyage oublié
    Et je suis alléchée
    Par ces larmes à sécher

     


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  • Réveil Marine

     

    Noir marine en nuit que vient déchirer l'aube
    Enlisant sans un bruit, lovés dans sa spirale
    Les secrets enfouis qu'un lent silence enrobe,
    Pointillant la mémoire de confettis d'étoiles...

    Vert marine d'eau rebelle, prisonnière de rives
    Qui veut débarbouiller le ciel en une gerbe vive
    Lui planter dans son jais des morceaux d'émeraude,
    Et nuancer le jaune de la lune qui rôde...

    Bleu marine d'un œil croisé au coin d'un rêve,
    L'ile de la pupille cerclé de récifs d'or
    Dessinant le réel sur le blanc d'une grève
    Où s'écrit le début d'une chasse au trésor...

    Aigue-marine, larme d'eau sur un fragment de verre
    Ourle d'écume mauve des flocons de sommeil
    Arrondit ces couleurs en faisceaux de lumières,
    Et trace un arc-en-ciel au sentier du réveil.


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  • Tourmente

     

     

     

    Brisures de bleu trempé

    D'embruns enroulés

    Aux voiles mouchoirs de poche

    Gros grain

    De chagrin

    Grêlé

    Sur l'esquif choqué

    Qui ricoche

    Sur des buées crachées

    Du creux des précipices.

     

     

     

    Au mât brisé des mots

    Un glas glacé glisse une encoche,

    Gémissement minuscule,

    Accroc qui s'effiloche

    Au froid fracas

    De l'effroi

    D'une coque ridicule

    Éventrée par les dents

    D'un orage outrageant

    Qu'un éclair acidule.


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  • D'une lame d'herbe entre mes pouces
    Un aigu sifflement jaillit,
    Déchire de nostalgie douce
    Le rideau triste de l'ennui.

    Clair sifflement lointain répond,
    Lent boomerang d'espérance,
    Tranchant l'espace qui se fond
    Au tableau peint des joies d'enfance.

    Toile légère en liberté,
    Prairie piquée de marguerites,
    Blanc dans le vert tendre des prés
    Et l'or des boutons qui palpitent.

    Ventres collés à l'herbe tiède,
    Deux enfants doux semblent écouter,
    Du grillon roux au chant d'aède,
    L'épopée d'un printemps conté.

    Ivres d'odeurs, parfums sucrés,
    Ils mangent la tige des fleurs
    Ignorant, fleurs parmi les fleurs,
    Qu'un jour, ils seront séparés.

    L'heure est trop belle pour y songer.
    Le tableau sert d'éternité.
    Cette enfance là est rêvée
    Par deux enfants réinventés.

    Pour marquer l'empreinte du temps,
    La fillette au garçonnet tend
    Une marguerite qu'un coup de dent
    Prive de ses pétales blancs.

    Trois pétales restent quand même
    Esprits mêlés, regards croisés
    Par delà les années volées
    Dis-moi, frérot, comment tu m’aimes…

     

    Frère et soeur




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