• Une araignée zélée
    De la lune est tombée
    Malicieuse a tiré
    Un fil de soie léger
    Autour des mats serrés
    Longtemps, elle a tourné
    L'un d'abord, l'autre après,
    Au suivant revenait,
    Tombait et remontait
    Tissait, tissait, tissait...
    Mélangeait, emmêlait
    Dans sa toile éthérée
    Tissus et bois dressés.
    Et puis est remontée
    Sur sa lune observer
    Au tout matin frisquet
    Les embruns de rosée
    Sur sa toile accrochés
    Grééments endiamantés
    Par un soleil discret
    Qui laissent bouche bée
    Les marins stupéfaits...


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  • Abîmes intimes
    Sublimes,
    Abysses propices
    Délices
    Sombrer.... Sombrer enfin sans rien maudire
    Dans la douce torpeur des langueurs infinies.
    Ne plus lutter, laisser le vent filer au métier de l'oubli
    La trame de ses vies, passées, présentes, à venir.
    Le laisser pénétrer profondément et se fondre avec lui
    Et ne plus distinguer qui est moi, qui est lui....
    Oublier juste un peu,
    Juste un peu
    Dans une harmonie violence,
    Attendue, dissolue....
    Voler sa délivrance
    Au plus profond du temps suspendu...



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  • Elle a jeté sa plume, a déchiré sa feuille
    Une trace d'encre violette est tombée de son œil.
    Elle veut d'un seul coup faire s'ombrer le soleil
    S'engloutir au profond d'un puits bleu de sommeil,
    Ne désirer plus rien, ne plus avoir envie,
    Abandonner sa griffe aux « avant » de sa vie.
    S'enfoncer en vainqueur dans l'oubli d'une brume
    Pour y noyer, sourire, les plis vains d'amertume...

    Légère, légère.
    Sacrifier la colère
    Au bonheur de voler
    Elle a ouvert ses poings, a libéré ses pieds
    S'élevant hors les mots qui salissent la mousse
    Traquant la folie dure dans une euphorie douce.

    Elle a jeté sa plume... déchiré une feuille
    Laissé en au-revoir du violet sur le seuil
    S'est appuyée au vent sans l'once d'un regret
    Pour s'emplir de la grâce d'un espace muet.


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  • Paroi







    Accrochée
    Pour survivre
    A la paroi de l’espoir,
    Les doigts dans la fissure
    Glissés
    Au creux du givre
    Pour continuer à croire,
    Ignorer les morsures.

    Un pied
    Qui s équilibre
    En fragile à valoir
    D’un répit qu’on murmure.
    Goûter
    En but qui délivre
    L’éphémère dérisoire
    D’une prise plus sûre.

    Monter
    Un pied,
    L’autre pied,
    Grimper.
    Une main au rocher
    Et l’autre pour chercher.
    Se hisser,
    Encore s’élever
    En appuis répétés
    En effort obstiné.
    Ne jamais
    Jamais
    Renoncer…

    Repérer le piton
    Fixer le mousqueton
    S'assurer...
    Respirer...
    Jeter la tête en arrière
    Pour oublier la terre...
    Ne plus voir que le ciel
    Qui délave son bleu
    Aux neiges éternelles
    En un lavis d'adieu.
    C'est loin,
    Incertain,
    Difficile,
    Inaccessible?
    Fléchir?
    Choisir?
    Le doux soulagement
    De la renonciation,
    Ou les âpres tourments
    De la confrontation...




    Fermer les yeux
    Sur toutes les absences.
    Au rocher de l’aveu
    En même temps que sa chance,
    Et dans le même jeu,
    Accrocher sa conscience.
    Le front contre la pierre
    Prendre l’inspiration
    En manière
    De prière
    Aux Dieux de l’irraison.
    Goûter la solitude
    Le calme revenu.
    Ancrer sa certitude
    Aux prises de l’absolu.
    Les mains qui crochent
    Le désir d’ascension
    Les pieds qui trouvent
    Sans une hésitation.
    Monter
    Encore
    Se hisser
    Sans plus d’efforts.
    Juste un instant de paix
    Un répit dans l’Immense
    Où un corps se repaît
    Au retour du silence.

     


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  • Méchant Garçon


    Il était gentil, tempêtueux mais gentil. Si gentil.
    Mais un jour il vola le jouet interdit.

    Pendant qu'on ne regardait pas. Ne le surveillait pas.
    On est si sûr de l'Autre quand on est sûr de soi.

    Une brèche était ouverte qu'on ne soupçonnait pas
    Et par cet espace là, Méchant garçon passa.

    Trouva le jouet, pensa « il est pour moi »
    Fût le Maitre du monde de cette vérité là.

    Du coup, on s'alarma de son sourire béat
    Du bonheur étranger qu'il trouvait hors la loi

    A la raison alors, brusque, on le rappela
    « Gentil garçon tu es, gentil garçon tu dois »

    On t'offre ces jouets tout façonnés pour toi
    Et regarder ailleurs, sûr, ça ne se fait pas.

    Dissimulant le jouet, Méchant garçon sourit
    On pouvait bien parler, il reviendrait ici.

    Mais le temps est pervers et la raison aussi
    Sans s'en apercevoir, Méchant garçon grandit.

    Il resta comme un rêve d'un bonheur enfoui
    L'espoir dont le « demain » entretient l'utopie.

    On ne pense qu'à l'enfant dans ses leçons de vie
    Pour son bien qu'on est sûr de bien choisir pour lui.

    Quelqu'un sait-il encore pour qu'on en parle aussi,
    Ce qu'il peut advenir des jouets interdits?

    Appartient-elle au monde d'une enfance qu'on foudroie
    La trompeuse illusion d' « il était une Foi »?


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