• Mon père disait parfois
    "Viens, approche-là
    Et, juste un peu, dis-moi
    Ce matin, ce qu’il y a
    Dans cette caboche là !
    Viens un peu, je te dis
    Moi, tu ne me trompes pas
    Tes yeux ce sont les miens
    Et l’orage que j’y lis
    Je le connais très bien…
    Y a pas d’eau dans tes yeux
    Je sais, tu ne pleures pas
    Capitaine courageux
    Ma fille est un soldat…
    Tu n’aimes que le sucré
    Et ton menton qui tremble
    C’est que ton estomac
    Il n' apprécie pas
    Et proteste, il me semble
    Contre ce goût salé
    Des larmes ravalées…
    Moi, tu me trompes pas
    Je vois bien ta colère
    Je vois bien ton chagrin
    Car toi, c’est beaucoup moi
    Et si j’en suis très fier
    Je connais ce chemin
    Et je tremble pour toi…
    Tu es si petite encore
    Pas encore préparée
    A ce qu’il y a dehors
    A ces routes barrées
    Quand tu rêves de voiles
    A ces ciels tout plombés
    Qui cachent tes étoiles…
    Mais, je suis là encore
    Dis vite à ton papa
    Ce qu’il y a ce matin
    Dans cette caboche là
    Dis-moi où sont les torts
    Et je vais de ce pas
    De suite y mettre fin…
    Il ne sera pas dit
    Qu’au moins pour quelques temps
    Je ne repousse pas loin d’ici
    Ce qui t’attend demain…
    Compte sur moi, mon coeur
    J’aurai tous les courages
    Pour remettre en douceur
    Contre tous les orages
    L’étincelle de joie
    Dans cette caboche là…. "

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  • Frileux, le ciel geignard sur tout chiale sa honte
    Sur l'horizon blafard de nuances fanées
    La brume barbare lui demande des comptes
    Sur les débris épars des lumières brisées.

    Il réclame pardon, voudrait que l'on efface
    Du gris-bleu de son front, cette ardoise infamante
    En fleurs de contrition il recherche des traces
    Sur sa peau en chiffon, de miettes survivantes.

    Mais l'été moribond a déserté la place...
    Piteux, le ciel félon pleure sa déchéance
    Du grand Dieu des saisons, il espère une grâce,
    Une réparation pour effacer l'offense

    Le Divin magnanime souflète l'indulgence,
    Refuse la déprime, éclate les menaces.
    Du ciel pusillanime, il secoue l'inconstance
    D'une botte sublime, il congédie la crasse.


    Au coeur du gris chagrin, sème l'or et le roux,
    Reprise en bleu de lin le beige des nuages,
    Essuie du front mutin, de l'hiver le courroux
    Habille le matin d'automne doux et sage.

    Heureux, le ciel bavard, à la forêt raconte
    De l'horizon cafard, la faute pardonnée,
    Oubliant, babillard, le masque de la honte
    Eparpille au hasard ses postillons dorés.

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  • Cristal trop transparent où la raison chancelle
    Le verre lui apparut dans un éclat rebelle
    Et ses lèvres approchant de ce petit cratère
    Imposait au volcan d'avouer son mystère

    La lave s’épanchait et de son flux vermeil
    Embrasait les rivages flous de son sommeil
    Elle sentait grésiller la torpeur irréelle
    Dans chaque goutte d’or, la plus fine étincelle

    Elle se vit multiple, elle s’exigeait unique
    Le nectar en coulant diluait ses nuances
    Et on applaudissait aux couleurs magnifiques
    Elle, s’y effaçait, seule en sa transparence

    Et les regards faciles n'ont gardé en mémoire
    Que l'image effleurée de ce qu’ils voulaient croire.
    L’esprit s’était perdu et le souffle espéré
    Dans le vain désespoir, tragique, s’est noyé.

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  • ELLE

    Je tire un fil volage
    D'un écheveau de nuages
    Je le détricote
    Pour faire une pelote
    Je me tricote un pull
    Piqueté de bulles
    De cumulus
    Et de nimbus
    Et je ris à l'orage
    Qui ravale sa rage
    Qui lance ses éclairs
    Menace de son tonnerre
    Mais j'ai volé son charme
    En dérobant ses larmes
    Il veut ses nuages sacripans
    Mais moi, je suis ... dedans!...


    LUI

    Je suis un rosier sauvage
    Mes fleurs vampires
    Auront raison de toi
    Car pour rendre hommage
    Aux parfums qui inspirent
    Tu t'approcheras
    Mes épines crochèteront
    Ton fil maille par maille
    Et tireront dessus
    Et détricoteront
    En coeur tout ton travail
    Tu te retrouveras ... nue...
    Nue
    Et crue !!!


    ELLE

    Tandis que les épines
    Méchantes et malines
    Lacèrent
    Mon bel habit de bal
    Le voulant mettre à mal
    Pervers
    Mes mains cueillent joyeuses
    De tes roses soyeuses
    Peuchère
    Un à un les pétales
    Les vifs et les plus pâles
    Offerts
    Leur velours prend visage
    De jupe et de corsage
    Mystères.


    LUI

    Tu voudrais que je pleure
    De ton arrogance
    Pourtant, à la bonne heure
    Je savoure ma chance
    Délirant de bonheur
    Je caresse en silence
    De mes débris de fleurs
    Ta peau rêvée qui danse
    J'y mêle mon odeur
    Défiant la bienséance
    J'épouse avec ardeur
    Sa moindre doléance
    Décourage en douceur
    Tout désir de vengeance...

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  • Une empreinte esquissée de rousseur sur la neige
    Légère, ébauche d’un sentier timide
    Trace si docile aux flocons qui s’agrègent
    Comme au visage du temps de douces éphélides.

    Mes doigts s’y sont posés, caressant la fraicheur
    Et je laissai mes paumes effleurer le satin
    J’entendis tes sanglots, je tremblai de ta peur
    Quand tes larmes ont coulé aux lignes de mes mains.

    Dans le silence, tout, criait la solitude
    Ecrin des souvenirs, la forêt désertée,
    Glaçait d’orgueil impie le vent des habitudes
    Prisonnière d’un sort dans un charme figé.

    J’ai gouté dans mes mains le sel de ta douleur
    De la brume dorée, j’ai délacé les pièges
    Usant sur l’infini, d’une infinie douceur
    J’ai tissé un chemin surfilé de soie grège

    Et de ce fil ténu, j’ai suivi les arpèges
    Les notes s’installaient, en espoir contenu
    Passerelles jetées à l’oubli qui s’allège
    Pour refleurir au cœur la musique perdue

    De la forêt glacée, j’ai atteint la lisière
    Un oiseau y chantait que je n’entendais plus
    La mélodie pourtant m’était si familière
    Que la folie du temps, à ce chant m’apparut.

    Une licorne bleue aux sabots de diamants
    Illumina la nuit d’un galop gracieux
    Projetant dans le ciel à chaque mouvement
    Un semis de lumière au rivage des dieux.

    Une écharpe de brise égaya les ramures
    Une tiédeur exquise habilla les feuillages
    La lune, d’un sourire, invita les augures
    Sur les secrets rêvés d’une forêt sauvage.

    Tu m’avais appelée d’un lointain qui déchire
    Pour goûter un répit au réel qui s’afflige
    Sur le tocsin d’un temps qu’il nous faudrait fléchir
    Pour reprendre le cours du voyage prodige…

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