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Le Lion et la Musaraigne
Ou la con-plainte des amants maux-dits
Couplet lyrique :
Un lion généreux et une musaraigne,
En un étrange lieu, une contrée lointaine,
Perdus en leur pensée, au détour d’un chemin
Verdoyant d’herbe douce étoilée de jasmin,
Truffe contre truffe se trouvèrent collés.
Un moment stupéfaits, un moment effrayés,
Ils finirent tous deux par en être charmés.
Et de cette magie, naquit grande Amitié :
La petite était vive et il était gentil,
Une même lumière éclairait leur esprit.
Ils se parlaient de tout, se comprenaient d’emblée
Quand l’un pensait un mot, l’autre l’avait trouvé.
De cette connivence, cette complicité
S’exhalait chaque jour la seule vérité.
L’on vit en rire ensemble et chanter de concert
Deux sources cascadant vers la même rivière.
Leur temps était précieux autant qu'il était rare
Ils se devaient chacun à un monde barbare
Qui réclamait sans cesse de nouveaux égards.
Bravant les inédits pour vivre le miracle
Ils volèrent pourtant , ignorant les obstacles,
Au noir d'un ciel obscur des diamants d'éphèmère
Pour insuffler l'envie au tain de l'ordinaire
Et leur vie, en ces lieux, ne fut qu'escale pure,
Au fleuve éclaboussé d'étincelles divines
Tels les éclats de gloire au phare qui rassure,
Révérence d'étoile quand la vague s'incline.
Couplet tragique :
Mais leurs geôliers tenaient à leurs victimes :
On leur appartenait, on était unanime
Chacun à son seigneur devait payer sa dîme
Et on interdisait les échappées sublimes.
Et le Lion frémissait de l’incompréhension
La musaraigne aussi tremblait sa frustration
Les maitres égoïstes n’offraient que leur giron
En refoulant tout net les désirs d’évasion.
Les deux amants pourtant n’exigeaient qu’un soupir
Respiration vitale en dehors de l’empire
Pour y survivre mieux, pour mieux y revenir
Juste un peu de meilleur pour supporter le pire,
A l’autre bouche enfin simplement se nourrir
Pour garder la raison, ne vouloir plus mourir.
Mais l’espoir insensé simplement réclamé
Jamais malgré les larmes ne leur fut accordé
Et l’on vit s’étioler, de se voir séparées
Deux âmes déchirées, au devoir crucifiées.
Car le désert jaloux de sa propriété
Tarit sa seule source en voulant la garder.
Ils étaient des gentils au milieu de méchants
Des enfants maltraités par d'horribles parents...
Epilogue :
C'est du moins ainsi que les deux se voyaient
Victimes innocentes d'un odieux martyre.
Leur amitié maudite comme il la sublimait
Le romantisme aidant, ils oubliaient d'en rire !
Qui céda le premier au joug de l'ordinaire?
L'ordinaire serait d'en exiger le compte
Ils frolèrent pourtant la rancoeur usurière
Avant de refuser le salaire de la honte.
Il resta au désert un palais sur du sable
Quand survint sans hasard la fin des certitudes
Il se dirent au revoir en restant honorables
Reléguant l'exception au rang de l'habitude.
Ce n'était rien qu'un Lion et une Musaraigne
Qui s'étaient crus héros d'une histoire inédite
Mais déclinèrent le don de la Mort Magicienne
Unique enlumineuse des amours maudites !
Essai de morale
Et puis franchement, une Musaraigne et un Lion?
Qu'eut-on fait des marmots issus de cette union ?
La morale imposée absout les abandons
Ne grave les regrets qu'aux tombes d'illusions.
P.S. ... :
Celle-là, sans rire, elle doit avoir vingt fins différentes! Un ami parlerait de "géométrie variable"... Allez! une version parmi d'autres qui a l'avantage de ne plus se prendre trop au sérieux!
Tags : deux, musaraigne, lion, l’un, sans
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